Mercredi, 26 Juin 2013 17:37 Vitraulle Mboungou
Une douzaine de chefs d'États d'Afrique centrale et occidentale se sont réunis le 24 et 25 juin dernier à Yaoundé au Cameroun, dans le but de trouver des solutions pour mettre fin à la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, région très stratégique économiquement. Et pour cause, elle est le poumon du continent.
En effet, avec 24 milliards de barils de pétrole de réserves prouvées, elle est la première région pétrolifère en Afrique subsaharienne grâce notamment à la présence des principaux pays producteurs comme le Nigéria, l’Angola et la Guinée équatoriale. Ces trois pays produisent à eux seuls 5 millions de baril de pétrole brut sur les neufs que produit quotidiennement le continent.
Selon certaines analyses, le potentiel de croissance pétrolière du golfe de Guinée paraît plus élevé que celui de la Russie, de la mer Caspienne ou de l’Amérique du Sud et les projections suggèrent que la production pétrolière africaine dépassera celle de l’ensemble des pays du golfe Persique à l’horizon 2020. Et comme l’a rappelé le président ivoirien, Alassane Ouattara, près de 70% de la production africaine, est concentré dans cette zone. Par ailleurs, les découvertes récentes de gisements offshores d’hydrocarbures ont accru encore plus l’intérêt géostratégique de cette région, selon International Crisis Group.
Ainsi, au cours de la prochaine décennie, le Nigeria, et dans une moindre mesure l’Angola, pourraient produire 5 millions de barils par jour. De même, la Guinée équatoriale, dont la production pétrolière lui a permis une croissance économique à deux chiffres ces dernières années, devrait également connaître une hausse de sa production au-delà du plafonnement de 700 000 barils/jour, décidé depuis 5 ans par le gouvernement.
Au-delà de cet aspect productif, le golfe de Guinée est et reste l’un des principaux points de départs des flux pétroliers et gaziers vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie. D’après les estimations, elle fournit près de 40% du pétrole consommé en Europe contre, 29% aux États-Unis. On comprend dès lors leur souci de sécuriser cette région. « L’intérêt de l’Union Européenne (à agir) est un intérêt géostratégique », a déclaré à l’AFP Raul Mateus Paula, ambassadeur de l’Union européenne au Cameroun avant d’ajouter « L’Afrique se développe, croît. Nous soutenons cela. C'est sûr que c’est un futur marché pour nous. C’est important la sécurisation des matières premières. »
Par ailleurs, sur le plan des ressources halieutique, selon des statistiques de l’International Crisis Group, cette zone recèle un potentiel annuel d’un million de tonnes de pêche maritimes et 800 000 de pêche continental.
Mais, du fait de cette piraterie maritime, le golfe de Guinée accuse un manque à gagner annuel de 2 milliards de dollars car elle « menace la circulation des hydrocarbures raffinées et des marchandises de valeurs », a rappelé le président ivoirien Alassane Ouattara. Durant ces derniers mois, l’Angola, le Nigeria, le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Gabon ont connu des attaques ciblées ou des menaces d’attaque liées aux ressources pétrolières. Premier producteur de pétrole africain, le Nigeria est le plus affecté par ces attaques.
« Il nous faut réagir avec fermeté si nous ne voulons pas voir diminuer le flux migratoire des marchandises dans notre espace maritime, si nous ne voulons pas compromettre notre développement et l’équilibre du monde », a ainsi signalé le président camerounais Paul Biya à l’ouverture du sommet.
Source: Afrique expansion
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire